«D'après mon mari ce n'est pas le désir d'enfant qui me rend folle mais l'absence de contrôle sur le cours des choses. Je ne supporte pas qu'un bébé ne se fasse pas comme ça, sur un simple claquement de doigts.»
"Ce que je veux, c’est arriver au point où je perds tout contrôle, pas dans la violence mais dans une douce acceptation des choses. Je souhaite le renoncement au terme d’un trajet de souffrance qui me révèle mon impuissance. Souffrir pour se rapprocher du moment où il n’y a plus rien à perdre et où toute parole, tout geste, toute odeur, tout souffle du vent, tout scintillement du soleil sur la mer est une grâce du ciel."
L'acceptation, l'apaisement, c'est ce à quoi j'aspire.
Je suis fatiguée d'être triste, d'être en colère, d'être jalouse des autres, de me sentir une victime.
Je m'isole, je me retranche des autres qui croient comprendre, qui croient savoir quoi dire à quelqu'un comme moi qui n'arrive pas à faire naître la vie depuis 3 longues années, je me protège de leurs mots qui blessent. Plus rien en ce moment ne compte que moi, mon homme mon amour, son enfant avec lequel je retrouve doucement la douceur et la complicité perdue dernièrement. Nous, la petite famille que nous formons déjà. Etre belle-mère c'est déjà pas simple, la stérilité complique encore plus la chose. Je ne veux plus le vivre comme une "double peine". Il faut que la vie soit douce.
Bien sûr le temps passe, bien sûr rien ne se passe,et l'échéance approche. Ce matin je sais que les doses d'hormones que j'ai commandées sont arrivées et m'attendent à la pharmacie du coin de la rue, et je les stockerai dans mon frigo ces prochains jours. Je sais que je vais devoir me les injecter très bientôt, et qu'à nouveau l'espoir mêlé à la peur de l'échec va m'accompagner le matin, la journée, le soir, la nuit. Je sais mais je vais essayer de parcourir le chemin en marchant d'un pas régulier et assuré, autant que faire se peut.
Peut-être même que je prendrai mon vélo, pour me sentir un peu plus libre.