Il y a parfois des événements qui jalonnent la vie qui vous font reculer, avancer ou encore qui créent des cassures définitives.
L'épisode de cette première FIV "morte dans l'oeuf" - si je puis dire - a constitué pour moi un point de rupture.
Suite à l'annonce de l'échec de fécondation, ca a été direction le psy en urgence.
J'avais déjà fait une psychothérapie l'an passé pendant les inséminations. Il me semblait que ca m'avait aidé, et j'avais cessé lorsque je me suis sentie assez forte pour accepter mon sort et continuer seule le chemin. Avec cette certitude : les efforts allaient payer, un jour je serais mère.
Et puis là, tout a basculé. J'ai mis des mots nouveaux sur la situation, cette situation que j'ai vécu comme une "petite mort".
J'ai regardé ma vie : la vie personnelle , la vie professionnelle. Et j'ai réalisé que ce n'était plus possible. Je ne vis plus : je survis, je serre les dents, je suis en apnée.
Impossible pour moi de continuer à être positive pour notre projet familial pour l'instant. Impossible aussi de retourner travailler.
Cela fait bien 2 ans que je m'accroche tant bien que mal dans un milieu professionnel anxiogène et toxique, sous le joug d'un management par la pression, où la cadence est rythmée par l'urgence en permanence. 6 ans que je suis dans cette boîte. Je suis désormais la plus ancienne. J'ai vu toutes mes collègues qui étaient avec moi au début partir les unes après les autres et/ou tomber enceinte. J'ai vu les nouvelles recrues, y compris mes stagiaires embauchées par la suite, tomber enceinte, une fois, deux fois, puis partir aussi...
Pour ma boss je suis un élément fragile, de par mes difficultés de procréation. Je suis "obsessionnelle" selon ses propres mots. Je n'évolue pas.
Je suis en arrêt depuis 1 mois pour dépression, et je ne peux plus y retourner. Je n'ai plus les ressources pour faire face au rythme, à l'ambiance, aux clients, à la hiérarchie. Etre réactive dans la minute, rendre des comptes en permanence sur l'avancée de mon travail. Avoir peur de ne pas y arriver, de mal faire.
Je culpabilise car je me sens faible, comme une petite fille qui ne veut plus aller à l'école. J'y pense tout le temps. J'ai peur.
Aujourd'hui ma vie est comme suspendue à deux paramètres :
- les résultats des examens qui nous diront si on peut continuer la PMA ou pas et envisager ou pas un avenir familial.
-trouver un moyen de ne pas retourner à ce travail et prendre le temps de me reconstruire pour envisager un nouvel avenir professionnel, différent et où je pourrais m'épanouir et me sentir valorisée.
Je crois que jamais je ne me suis sentie dans une situation aussi inconfortable.