Passer un réveillon au fond du lit car malade.
Envoyer des SMS de bonne année sans que le coeur y soit vraiment.
En recevoir et les trouver dérisoires et sans saveur.
Se rappeler les 3 précédents réveillons et constater amèrement que la roue n'a pas tourné cette fois non plus.
Ne plus oser se dire que le prochain réveillon sera meilleur.
Regarder les amis s'occuper de leurs enfants et ressentir intensément son incomplétude.
Commencer un bouquin* pris au hasard dans une librairie, découvrir au fil des pages l'histoire triste à mourir d'une femme stérile dans les années 40. Pure coïncidence ou fatalité?
Découvrir en rentrant à Paris les bonnes nouvelles sur la blogosphère. Se réjouir tout en constatant qu'on fait toujours partie de la poignée de celles qui sont inexorablement encore et toujours sur le quai...
Jeter un coup d'oeil vers les voisins d'en face en ouvrant les volets. Personne. Dans quelques jours certainement le retour à la maison avec le nouveau-né.
Ressortir du dossier les fameuses ordonnances... Une image qui vient : être debout au bord d'une haute falaise avec un parachute. Sauter. Soit le parachute s'ouvre en route et on rejoint les nuages. Soit il ne s'ouvre pas et on s'écrase sur les rochers comme une merde.
Se demander une énième fois d'où vient cette stérilité. Se demander si on n'est pas juste stérile d'attendre cet enfant.
Souhaiter ne plus l'attendre tout en sachant que c'est impossible.
Alors pour cette nouvelle année, je souhaite à toutes celles qui sont dans les nuages d'y rester et d'en profiter, de savourer.
Aux autres, celles qui comme moi sont encore en haut de la falaise et ont peur de la chute, je leur souhaite juste du courage et d'être fortes.
Accrochons-nous. Que peut-on faire d'autre?
(j'ai piqué la carte de voeux du magazine Causette, elle me semble tout à fait appropriée )
* le confident. Hélène Grémillon.